La Guilde canadienne des réalisateurs a acheminé la lettre suivante au Cabinet fédéral l'exhortant à ordonner au CRTC de réviser leurs règles de licences adoptées le 15 mai dernier qui entraîneraient la chute de la production canadienne de films et d’émissions télévisées de plus de 900M$ dans les cinq prochaines années. La date limite pour renvoyer ces décisions en révision est le lundi 14 août.

Signez la pétition officielle de la Chambre des communes pour
la décision dévastatrice du CRTC

Mesdames et Messieurs les Ministres,

Nous, artistes et créateurs, vous écrivons aujourd’hui au sujet des décisions sur les renouvellements de licence par groupe rendues le 15 mai par le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC). Près de 20 000 Canadiens (citoyens, entreprises, Guildes et associations) les ont dénoncées ces deux derniers mois et ont signé des pétitions pour obtenir réparation. C’est maintenant à notre tour de vous prier d’agir.

Ces décisions mal conçues ont eu l’effet d’un séisme frappant toute l’industrie du cinéma et de la télévision. Sous le coup des règlements du CRTC visant la programmation de langue anglaise, dans les cinq prochaines années, les radiodiffuseurs perdront 911 millions de dollars en investissement pour les émissions scénarisées indépendantes, et notre PIB chutera de 1,15 milliard de dollars. De plus, ces changements se traduiront par un retrait de 704 heures d’émissions canadiennes de qualité et la suppression – et non la création – d’environ 4 000 emplois de classe moyenne. Quant aux décisions touchant la programmation de langue française, elles ont causé l’annulation de trois séries originales au Québec. Partout au Canada, une palette de jeunes artistes émergents voit déjà s’évaporer bon nombre de ses plus belles chances à cause de la suppression du financement pour MuchFACT, Bravo!FACT et les vidéoclips. 

Mais l’onde de choc n’a pas touché que les budgets de production à court terme, loin de là. 

Les décisions du 15 mai ont été rendues par le président du Conseil, Jean-Pierre Blais, élu par l’ancien gouvernement. Dans l’exercice de ses fonctions, M. Blais poursuivait des objectifs pour le moins controversés. Il a ébranlé de nombreux piliers de la radiodiffusion au pays en assouplissant ou en éliminant les exigences relatives à l’embauche de talents d’ici et à la diffusion d’émissions canadiennes en direct. Il s’est défendu en avançant qu’à l’ère des services sur demande et de la concurrence mondiale, ce qui compte est « la somme d’argent investie […] en vue de produire un contenu captivant pouvant livrer concurrence à l’échelle mondiale ».

Malgré la garantie du maintien des fonds qu’avait annoncé M. Blais, avant de tourner les talons, il a amputé le budget que les radiodiffuseurs doivent investir pour créer des émissions intéressantes, innovantes, y compris les documentaires, les émissions dramatiques, les émissions pour enfants, qui sont concurrentielles à l’international.

Le comble? Dans son sermon d’adieu au monde de la radiodiffusion au Festival international des médias de Banff, en Alberta, M. Blais a déclaré que sabrer le financement des radiodiffuseurs était tout simplement l’ultime étape d’un programme radical et idéologique.

« La façon de penser du gouvernement et, bien sûr, de l’industrie – réunie ici même – est incorrecte. Elle repose à outrance sur […] le principe directeur du statu quo. » Il a ajouté : « L’avenir, ce n’est pas ça. L’avenir, c’est la large bande et les applications. Les quotas, les crédits d’impôt et les stratégies d’affaires d’il y a 20 ans, tout ça est chose du passé. »

On propose de couper dans les crédits d’impôt pour la production cinématographique et télévisuelle? En fait, ce qu’on propose vraiment c’est de démanteler carrément toute l’industrie et, du même coup, détruire 140 000 bons emplois de classe moyenne générés chaque année qui représentent 2,9 milliards de dollars.

Votre gouvernement a maintenant la chance de rejeter cette approche, renvoyer la décision au CRTC et changer le cours d’histoire du secteur créatif canadien.

Il s’agit d’un moment charnière offrant un véritable tremplin pour notre industrie. Nous avons formé les meilleurs talents et créé du contenu regardé partout dans le monde. En tant que Canadiens, nous – et nos talents – voulons percer le marché international et obtenir du financement pour la production qui nous permettra d’être concurrentiels. Nous voulons raconter nos histoires chez nous et à l’étranger. Mais à quoi bon si nous ne sommes pas propriétaires des productions et ne pouvons pas le faire?

En tant que Canadiens, nous devons moderniser les systèmes de radiodiffusion et de télécommunication pour qu’ils soient à l’image du XXIe siècle, plutôt que de ruiner l’industrie à un moment où les gens de chez nous produisent plus de contenu de qualité que jamais.

Le gouvernement fédéral et le Cabinet ont offert un soutien louable aux arts. Notre ministre du Patrimoine canadien a parlé à plusieurs reprises, avec éloquence, de l’engagement de votre gouvernement vis-à-vis d’une politique culturelle axée sur les créateurs. Toutefois, ce message positif ne cadre pas avec les vraies conséquences si les décisions du CRTC sont maintenues. Qui dit soutien à l’industrie culturelle, dit soutien à son secteur ayant le plus d’importance et de visibilité : le cinéma et la télévision.

En tant qu’artistes et créateurs du Canada, nous vous supplions d’exprimer votre soutien à la culture et aux arts en demandant un réexamen des décisions. 

Nous vous prions d’agréer, Mesdames et Messieurs les Ministres, nos salutations distinguées.

Les soussignés 

Mairzee Almas

Daniel Grou

Ken Scott

Louise Archambault

Sturla Gunnarsson

Ron E. Scott

Roger Avary

Gail Harvey

Helen Shaver

Lara Azzopardi

Grant Harvey

Albert Shin

Jennifer Baichwal

Mars Horodyski

Mina Shum

Norma Bailey

Norman Jewison

Kari Skogland

Simon Barry

J.J. Johnson

John Smith

Paolo Barzman

Michael Kennedy

Jonathan Sobol

Dean Bennett

Jeremy Lalonde

Warren Sonoda

Yannick Bisson

Eleanore Lindo

Tim Southam

Cory Bowles

Peter Lynch

Lynne Stopkewich

Stephen Campanelli

James Marshall

Sudz Sutherland

Jordan Canning

Liz Marshall

Bruce Sweeney

Yung Chang

Michael McGowan

RT!

Louis Choquette

Deepa Mehta O.C.

Rachel Talalay

Caroline Christies

George Mihalka

Jacob Tierney

Jerry Ciccoritti

Adrienne Mitchell

Jonathan Torrens

Michael Clattenburg

Nathan Morlando

Jean-Marc Vallée O.C.

David Cronenberg C.C.

April Mullen

Ingrid Veninger

Gerry Dee

Vincenzo Natali

Denis Villeneuve

Tracey Deer

Kim Nguyen

Clement Virgo

Director X

Gordon Pinsent C.C.

Wiebke Von Carolsfeld

Jim Donovan

Bruce Pittman

Peter Wellington

Atom Egoyan C.C.

Jeremy Podeswa

Anne Wheeler

John Fawcett

Sarah Polley C.C.

Charles Wilkinson

Kevan Funk

Jason Priestley

Dawn Wilkinson

Jem Garrard

Peter Raymont

Martin Wood

Stuart Gillard

Daniel Roher

Jeff Woolnough

Ken Girotti

Patricia Rozema