À la lumière des récentes manifestations contre le racisme anti-Noir et en soutien au mouvement Black Lives Matter, je sais que de nombreux membres se posent des questions sur le plan d’action de la Guilde. Il est essentiel d'engager nos membres à participer à l'élaboration des actions de la Guilde, et cela commence par les tenir bien informés des initiatives que nous menons déjà et de celles que nous envisageons pour l'avenir.

La Guilde s'est depuis longtemps engagée à respecter les principes fondamentaux d'égalité et à lutter contre le racisme, le sexisme et la discrimination sous toutes leurs formes. Ces dernières années, le conseil national et les conseils de district de la Guilde ont pris des mesures particulières pour aborder le grand problème de la sous-représentation des personnes de couleur dans notre secteur et parmi nos membres.

La tâche la plus importante de la Guilde, outre la gestion des régimes de retraite et d'avantages sociaux de nos membres, est l’action directe en matière de défense des politiques publiques. Nous sommes intervenus dans des audiences et des soumissions réglementaires pour promouvoir la diversité au sein de notre secteur, notamment au cours des dernières années auprès du Fonds des médias du Canada, de Téléfilm Canada, de l’ONF, de la CBC, des diffuseurs du secteur privé et du ministère du Patrimoine canadien. L'inclusion et la diversité font partie de presque toutes nos interventions au sein des conseils d'administration et nous assurons un suivi fréquent afin de tenir les principaux responsables de leurs promesses.

La recherche est un autre rôle essentiel de la Guilde. La Guilde a beaucoup d’expérience en matière de recherche et de soutien à la diversité et à l'inclusion. S'armer et armer nos alliés avec les données nécessaires pour exercer une pression soutenue sur les institutions est important afin d’effectuer des changements et demander des comptes aux personnes responsables. Cette partie de nos efforts peut sembler moins importante pour certains, mais la mesure de l'impact de nos efforts d'inclusion est essentielle pour garantir des résultats.

Pour citer des exemples récents de ce travail; la Guilde finance actuellement une étude commandée par le festival Reelworld sur les caractéristiques de l'emploi des canadiens noirs, autochtones et personnes des couleurs (BIPOC) dans le secteur de la production et de la postproduction sur le marché anglophone du Canada ; nous sommes également partenaires avec l’organisme Black, Indigenous and People of Colour in TV and Film (BIPOC TV & Film), entre autres, pour financer le rapport « On Screen Report 2020 » de Women In View, ce rapport comprend des recherches qui mettent en lumière l'emploi des femmes de couleur et des femmes autochtones en tant que réalisatrices, scénaristes et directrices de la photographie.

La Guilde soutient également depuis longtemps l’institut national des arts de l’écran (NIS) à Winnipeg en mettant l'accent sur le mentorat, la formation et l'augmentation d’opportunités pour les cinéastes des premières nations. En plus du soutien financier, des membres réalisateurs de la Guilde voyagent pour travailler personnellement avec ces cinéastes émergents. En 2020, nous avons renouvelé notre dernier engagement avec le NIS pour trois années supplémentaires.

Au-delà de ces efforts spécifiques, le soutien aux groupes marginalisés et historiquement sous-représentés joue également un rôle prépondérant au quotidien dans l’action du bureau national de la Guilde dans un sens plus large. Notre division des réalisateurs nationaux (NDD) organise des sessions de classes de maître, des projections, des événements et des conférences « in conversation with » qui mettent souvent en valeur le travail des réalisateurs, des directeurs artistiques, des monteurs et autres créatifs clés BIPOC (noirs, autochtones et personnes des couleurs) de la Guilde. Cet engagement concret en faveur de la représentation est un travail quotidien dans nos activités. La Guilde est également un membre actif du Congrès du travail du Canada, la plus grande organisation syndicale au Canada, qui rassemble des dizaines de syndicats nationaux et internationaux (des fédérations au niveau des provinces et des territoires) de travailleurs et des conseils du travail communautaires pour représenter plus de 3 millions de travailleurs. Elle joue un rôle énorme en défendant la justice sociale, en mettant fin à la discrimination, et à promouvoir l’égalité des sexes et une société plus équitable.

La plupart des commandites qui se font au sein de la Guilde se font au niveau des conseils de district et vos conseils de district sont bien sûr actifs depuis longtemps dans ce domaine. Nos plus grands conseils de district sont des contributeurs financiers importants pour plusieurs des institutions axées sur l'inclusion les plus reconnues de notre secteur. La Guilde de l’Ontario apporte un soutien financier à de nombreux festivals qui mettent en valeur la diversité des cinéastes: Regent Park Film Festival, ImagineNative Film Festival, Reel Asian Film Festival et le Reel World Film Festival.  La Guilde en Colombie-Britannique soutien à la fois le Indigenous International Film Festival (IIFF) et le Vancouver Asian Film Festival à Vancouver, et soutient la BC Minorities in Film & TV Society.

Mais notre rôle ne s'arrête pas aux contributions monétaires – loin de là. En fait, le rôle le plus essentiel de la Guilde en matière d'inclusion raciale est peut-être le mentorat, la sensibilisation, la création de relations avec les communautés sous-représentées, les possibilités d'apprentissage et l’accès au marché de l’emploi.

La division nationale des réalisateurs (NDD) de la Guilde a récemment créé deux programmes de réalisateur-observateur conçus pour offrir des possibilités d'apprentissage sur le terrain aux membres qui cherchent à se développer professionnellement en tant que réalisateurs et réalisatrices. La NDD a également créé un cours de réalisation d’épisodes de deux jours conçus pour donner aux réalisateurs qui commencent les meilleures possibilités de réussir leurs premiers projets de séries. En plus de cet engagement ferme de la Guilde à créer de nouvelles opportunités aux réalisateurs sous-représentés, ces deux programmes visent à assurer leur réussite dans ces emplois difficiles.

Le Conseil de l’Ontario travaille en collaboration avec l’organisation POV 3rd Street pour son programme d’assistant de production (GAP), offrant ainsi aux diplômés du programme des critères modifiés d'éligibilité à notre programme d'apprentissage GAP (reconnaissant le programme de cinq semaines comme étant une réalisation partielle de nos critères d'admissibilité de « jours travaillés ») et des frais d'apprentissage considérablement réduits aux candidats retenus pour le programme GAP. Le Conseil de l’Ontario a également fait des dons importants à Reel Start et au programme de media et leadership de Sistema Toronto. Reel Start travaille avec les écoles des communautés sous-représentées de Toronto pour aider les étudiants à explorer les possibilités de carrière dans le cinéma et la télévision à l’aide d'ateliers, de visites de plateau, de conférenciers invités et d'expériences pratiques de réalisation de films. Le programme de Sistema Toronto fait participer des jeunes à risque issus de communautés à faible revenu et sous-représentées (Parkdale, Jane & Finch et East Scarborough) en leur enseignant les compétences de production et la technologie.

Le conseil de la Colombie-Britannique a joué un rôle essentiel dans le lancement du programme d'ambassadeurs communautaires de l’initiative Motion Picture Community (MPCI). La Guilde et MPCI travaillent en étroite collaboration avec Embers de Vancouver sur ce projet pour employer des résidents du Downtown Eastside de Vancouver afin d'aider les liaisons locales de tournage lorsque la production a lieu dans leur communauté. Les participants sont toutes les personnes qui, pour diverses raisons, font face à des obstacles à l'emploi. La directrice générale du conseil de district de la Colombie-Britannique est également coprésidente du comité sur l'équité et l'inclusion de la Motion Picture Production Industry Association (MPPIA) de la Colombie-Britannique, qui se consacre à aider à construire une industrie qui offre un accès égal aux personnes marginalisées et qui reflète justement les communautés dans lesquelles nous vivons.

Notre conseil de district du Québec a établi des partenariats étendus en matière de formation et de sensibilisation. Le conseil du Québec travail en partenariat avec l’INIS – un organisme québécois à but non lucratif offrant de la formation en cinéma, télévision et médias interactifs – pour soutenir la formation des cinéastes émergents. La Guilde au Québec est également engagée dans des activités de sensibilisation avec de nombreuses institutions postsecondaires, dont l'Université McGill, Concordia, l'UQAM et l’INIS, à la fois pour présenter l'industrie cinématographique aux étudiants d'autres disciplines (par exemple, initiation des étudiants en arts en direction artistique) et pour inviter les étudiants à assister aux événements de la Guilde.

Le conseil de district du Manitoba joue un rôle important à administrer et fournir des ressources sur le terrain pour soutenir le partenariat de la Guilde avec l'INS, en plus de son propre engagement indépendant en soutien de la formation et de la sensibilisation axées sur l'inclusion. Le Conseil de district du Manitoba a récemment parrainé un cours de quatre jours sur la production et la formation aux médias numériques en post-production, exclusivement destiné aux femmes autochtones et en partenariat avec l’organisme Indigenous Programming à Creative Manitoba.

Le conseil du Manitoba travaille en collaboration avec la division nationale des réalisateurs (NDD) pour parrainer la première projection de I Propose We Never See Each Other After Tonight, une comédie romantique axée sur la communauté philippine de Winnipeg. Au moment de confinement en raison de la pandémie, le conseil du Manitoba était en pourparlers pour organiser une classe de maître pour les réalisateurs autochtones lors du Indigenous Film Summit, un projet que nous espérons poursuivre car le festival est reporté.

Le conseil de district de l’Alberta est également actif non seulement dans les établissements d'enseignement, mais aussi au sein des organisations communautaires et dans le recrutement actif. L'année dernière, grâce aux programmes incitatifs actuels de la Guilde, le conseil de district a recruté quatre nouveaux réalisateurs autochtones, dont trois femmes autochtones. Le conseil de l’Alberta entretient des relations étroites avec l'Alberta Immigrants Society – à la fois pour présenter l'industrie elle-même aux nouveaux Canadiens, mais aussi pour permettre à ses membres d'accéder à des consultations individuelles sur la façon d’accéder l'industrie.

Le Conseil régional de l'Atlantique apporte un soutien financier à Screen Nova Scotia, l'association provinciale de l'industrie, notamment par des programmes visant à encourager les communautés sous-représentées choisir l'industrie du cinéma et de la télévision comme carrière. Cela inclut le lancement d'un programme de stages dans l'industrie du cinéma et de la télévision, en coopération avec le Halifax Black Film Festival, créant ainsi des opportunités pour les Néo-Écossais Noirs de travailler sur des productions professionnelles.

Le Conseil de district de la Colombie-Britannique a également innové dans le domaine de l'embauche d'équipes plus diversifiées et plus inclusives grâce à sa campagne de promotion « Just Watch Us ». Identifiant un manque d'inclusion au sein de notre industrie, le conseil de la Colombie-Britannique a demandé au tribunal des droits de l'homme de la Colombie-Britannique la permission d'établir un programme officiel de diversité. Ceci permet à la Guilde de partager les informations sur la diversité des membres du conseil d'administration qui ont choisi de s'auto-identifier par le biais de leur portail de recherche, directors.ca, permettant ainsi aux employeurs qui ont un programme de diversité reconnu de trouver les personnes qualifiées pour les projets qui nécessitent une voix ou une vision spécifique.

En plus de ces efforts, ceux d'entre nous à la Guilde ont été inspirés par l’ampleur de ce moment pour réfléchir à la manière dont nous pouvons faire plus. Au bureau national de la Guilde, nous pensons que nous pouvons avoir le plus grand impact sur l'égalité sociale et économique des populations marginalisées en soutenant et en collaborant avec les groupes de notre secteur. Non seulement la Guilde peut apporter une expertise, une influence et un poids supplémentaires à cette cause lorsque nous nous engageons dans notre propre domaine, où la Guilde est une institution centrale établie, mais notre industrie offre un double impact: La possibilité d'offrir des opportunités économiques directes aux personnes des communautés marginalisées et d'accroître la présence de ces communautés dans un métier qui peut, en soi, être un formidable outil de changement social.

Le bureau national est actuellement à la recherche de groupes comme le BIPOC TV & Film, Black Women Film, le Black Business and Professional Association et plusieurs festivals qui soulignent le travail des personnes de couleur et des communautés sous-représentées, alors que nous recherchons comment les ressources de nos membres pourraient être mieux déployées pour avoir le plus grand impact possible. Si vous connaissez d'autres groupes de ce genre, nous serions heureux de recevoir d'autres recommandations.

En plus de collaborer avec ces organisations, la Guilde renouvelle également son intérêt pour le mentorat – et met en place des programmes de mentorat formels qui permettent aux étudiants qui envisagent une carrière dans le cinéma de consulter auprès des membres bénévoles de la Guilde. Les membres nous ont dit à maintes reprises que l'un des principaux obstacles à l'entrée dans notre secteur consiste de tout simplement de le comprendre le plus complètement et le plus tôt possible.

Nos membres nous ont dit que les voix de la communauté BIPOC (personnes noires, autochtones et personnes des couleurs) seront vues et entendues lorsque les agences gouvernementales canadiennes, les syndicats, les sociétés de production, les diffuseurs et les distributeurs auront des décideurs du BIPOC plus haut placés en position de pouvoir. La Guilde plaidera plus vigoureusement en faveur de l'embauche de leaders du BIPOC dans des postes de haut niveau et continuera à faire venir davantage de professionnels du BIPOC dans ses propres rangs.

Nos membres nous ont dit que les conseils d'administration de nos conseils nationaux et de district devraient être plus diversifiés. Nous sommes d'accord. Nous allons redoubler d'efforts pour encourager les membres du BIPOC à se présenter à ces postes du conseil d'administration et nous continuerons à encourager nos membres à voter en plus grand nombre lors de toutes nos élections à travers le pays.

Nos membres nous ont dit que notre industrie devrait avoir plus de chefs de département BIPOPC. Nous sommes d'accord. Bien qu'il soit crucial de rappeler que la Guilde n'est pas un producteur et n'engage pas de professionnels du cinéma, nous allons doubler nos efforts de formation, d'avancement et de sensibilisation pour l'embauche d'un plus grand nombre de chefs de département du BIPOC.

Nos membres nous ont dit que notre processus consultatif informel avec des membres de tous horizons devrait être renforcé par la création d'un ou plusieurs comités composés de membres du BIPOC. Nous allons agir sur ce conseil prochainement.

Nos membres nous ont dit que nos efforts pour vaincre le racisme systémique dans notre industrie devraient s'étendre à toutes les catégories de la Guilde. Nous sommes d'accord et nous allons doubler nos efforts pour proposer des solutions dans tous les services que nous représentons.

Nos membres nous ont également fait savoir que les événements que nous vivons ce mois-ci sont un appel non seulement à une prise de conscience, mais aussi à une action soutenue. Nous sommes d'accord. Les syndicats se battent pour l'équité et le changement. C'est notre mission principale. Nous sommes constamment à la recherche de moyens pour le faire avec plus de force et d'efficacité. Des événements comme les immenses bouleversements de ces dernières semaines offrent à la Guilde une importante occasion de revoir notre culture institutionnelle, nos plans d'action existants et de concevoir de nouveaux plans pour vaincre le racisme systémique et de faire en sorte de maintenir ces plans au fil des années.

J'aimerais remercier tous nos membres qui se sont engagés sur cette question. Votre voix, et celle de tous nos membres, est essentielle à cette guilde.

Tim Southam,
Président, la Guilde Canadienne des réalisateurs