Collègues et membres de la Guilde,

Au cours des deux dernières semaines, d’innombrables femmes courageuses ont dénoncé des décennies de harcèlement sexuel, d’intimidation et d’agression perpétrées par le producteur Harvey Weinstein. Bien que cette dénonciation ait commencé au sud de la frontière, tout un chacun de notre industrie sait que cela ne se termine pas là. La pourriture du harcèlement dans le milieu du cinéma et de la télévision ne tient pas d’un seul homme, elle s’étend aussi bien à notre pays qu’à n’importe quel autre.

Les femmes courageuses, y compris plusieurs de nos membres, qui ont dénoncé cette inconduite dans notre propre communauté m’ont profondément ému. Sarah Polley, Lyne Charlebois, Jacquie Gould et beaucoup d’autres ont mis en lumière la culture corrosive qui se contente de « fermer les yeux » et qui a permis à ce comportement de perdurer. Il est temps que ça cesse.

La Guilde est dotée depuis longtemps d’une politique sans équivoque en matière de harcèlement, y compris son code d’éthique et ses mesures disciplinaires. Notre position est, et a toujours été, que nous méritons tous un lieu de travail sûr, exempt de harcèlement sous toutes ses formes. Au cours de plusieurs rondes de négociation, les conseils de district de la Guilde ont cherché à ajouter et à renforcer les protections contre le harcèlement dans nos conventions collectives. Certains conseils ont adopté une formation obligatoire sur la lutte contre le harcèlement devant être dispensée aux nouveaux membres. Pourtant, malgré nos efforts, nous savons que la culture de l’industrie qui laisse libre cours au harcèlement et que la peur omniprésente des représailles existent toujours. Nous savons que nous devons faire plus.

Dans une semaine, votre Conseil exécutif national se réunira à Toronto. Cette question sera le premier point à notre ordre du jour. En tant que président, j’insisterai pour que nos protections existantes soient examinées en profondeur afin de déterminer là où elles ont été efficaces, et oui, là où elles sont tout simplement inadéquates. Mais, je vais également requérir un mandat pour mener ce combat avec nos partenaires de l’industrie, y compris les producteurs et les radiodiffuseurs.

Les femmes qui se sont manifestées la semaine dernière ont enclenché une dynamique indéniable pour changer le statu quo. Je veux que vous sachiez tous que la Guilde ne se contente pas de se tenir à leurs côtés, mais qu’elle soutient tout membre touché par le harcèlement, à chaque étape. Nous souhaitons non seulement nous opposer à l’inconduite, nous voulons aussi jouer un rôle de premier plan dans la lutte pour changer la culture qui accepte cet abus depuis trop longtemps.

Je m’engage à vous rendre compte après la réunion de votre conseil qui se tiendra à la fin de la semaine prochaine.

Cordialement,

Tim Southam
Président national de la Guilde canadienne des réalisateurs