Signez la pétition officielle de la Chambre des communes pour que soit annulée la très dommageable décision du CRTC

Ce qu’elle signifie pour vos perspectives d’emploi

Il y a deux semaines, le CRTC a rendu ses décisions concernant le renouvellement, pour les cinq prochaines années, des licences des grands groupes de diffusion canadiens anglophones et francophones (Bell, Rogers, Corus, Groupe V Média et Québecor).

Vous avez peut-être eu vent des premières répercussions : le Conseil a laissé tomber le couperet sur MuchFACT et Bravo!FACT – un choix inexplicable –, etla chaîneSéries+ du groupe Corus a étonnamment annoncé qu’elle annulait trois productions prévues.

Mais ce n’est que la partie immergée de l’iceberg.

Voici d’abord un peu de contexte.

En 2015, le CRTC a commencé à laisser tomber les exigences de diffusion, des règles qui depuis longtemps garantissaient un nombre d’heures d’antenne aux productions canadiennes sur les chaînes traditionnelles et spécialisées. Insistant sur les dépenses des diffuseurs pour obtenir des licences et produire du contenu, le Conseil a décidé de miser sur la « qualité » plutôt que la « quantité ».

Il a dit avoir pris cette décision en raison de l’émergence du « sur demande ». Les gens peuvent regarder à peu près n’importe quoi, où et quand ils le veulent; les diffuseurs auraient donc besoin d’une flexibilité accrue pour faire des investissements judicieux leur permettant d’aller chercher des cotes d’écoute.

Bref, après avoir indiqué qu’il s’attarderait désormais aux investissements dans les productions canadiennes, le CRTC a fait volte-face en réduisant les sommes que les diffuseurs doivent allouer à nos productions de grande valeur, que ce soit le contenu dramatique, les longs-métrages, les documentaires ou les émissions de remises de prix.

Soyons clairs : on parle des débouchés et du volume de travail pour vous et vos collègues, ainsi que de la quantité de contenu original d’exception produit pour les téléspectateurs canadiens.

Qu’entend-on par « EIN »?
La plus importante décision concernant les productions de langue anglaise.

L’acronyme « EIN » désigne les émissions d’intérêt national, notamment les productions de haute qualité sur lesquelles travaillent nos membres (longs métrages, documentaires de longue durée, remises de prix, émissions scénarisées pour enfants, séries dramatiques et téléfilms).

Avant la récente décision du CRTC, les diffuseurs anglophones devaient allouer entre 8 % (pour un service comme The Movie Network) et 18 % de leurs recettes de l’année précédente aux EIN produites au Canada, pour une moyenne de 8 %, tous groupes confondus. Maintenant qu’on a sorti la hache, le minimum pour tous les services n’est que de 5 %.

C’est une chute de 37,5 %, et la Guilde estime qu’elle se traduira par une réduction de 200 à 400 millions de dollars pour la production de contenu de haute qualité au cours des cinq prochaines années. Avec les autres coupes, on perd de 8 à 15 téléséries dramatiques anglophones tournées au Canada chaque année.

Pourquoi Corus a-t-elle annulé trois productions prévues?
La plus importante décision concernant les productions de langue française.

Ces trois dernières années, le Conseil a soutenu, à maintes reprises et à juste titre, que le succès actuel et futur de l’écosystème télévisuel canadien passe par les émissions canadiennes « originales ».

Pourtant, en rendant ses décisions concernant le renouvellement des licences de diffusion des grands groupes de chaînes de langue française, le CRTC a passé à la trappe d’importantes obligations favorisant la création de productions originales de langue française. En clair, il a levé l’exigence, pour Séries+, une chaîne du groupe Corus, de consacrer chaque année 1,5 million de dollars à des émissions dramatiques francophones – soit 7,5 millions sur cinq ans. Il a également libéré Historia, qui appartient aussi à Corus, de son obligation d’allouer 75 % de ses dépenses en émissions canadiennes à du contenu original de première diffusion, ce qui équivaut à quelque 15 millions sur cinq ans. Enfin, Vrak, propriété de Bell Média, n’est plus tenue de présenter chaque année 104 heures de contenu original canadien de langue française et de première diffusion, ce qui aura des répercussions de l’ordre d’environ 15 millions sur cinq ans.

Faisons le calcul : ce sont près de 40 millions de dollars en investissements garantis dans des productions canadiennes originales de langue française qui pourraient s’évaporer au cours des cinq prochaines années.

Pourquoi? Parce qu’aucune des nouvelles exigences de dépenses ne concerne les diverses déclinaisons du contenu original de langue française, des séries dramatiques aux documentaires en passant par les longs métrages, les émissions consacrées à la musique ou à la danse et les remises de prix. C’est donc dire que Québecor, Bell, V Média et Corus ont beau jeu d’affecter toutes leurs dépenses de programmation à du contenu rediffusé ou recyclé. Quelques jours seulement après l’annonce du CRTC, la chaîne Séries+ de Corus, annonçait qu’elle annulait la production de trois séries dramatiques originales de langue française.

L’annulation de ces séries est alarmante et constitue un sombre présage des conséquences que les réductions du financement des EIN et l’abolition des conditions de licences pourraient aussi avoir du côté anglophone.

Comment réagit la Guilde? Et moi, que puis-je faire?

La Guilde a dénoncé la décision et lancé une contre-attaque. Nous demandons d’ailleurs à la ministre du Patrimoine canadien, Mélanie Joly, de rejeter les changements et d’exiger du CRTC qu’il les revoie.

VEUILLEZ LA SIGNER ET LA FAIRE CIRCULER DÈS MAINTENANT.

 

Le 16 mai, Tim Southam, président de la Guilde, a publié une déclaration dénonçant la décision du CRTC d’assouplir l’obligation pour les diffuseurs canadiens d’investir dans des productions canadiennes de qualité.

Le 17 mai, la Guilde a lancé une pétition sur change.org pour inciter Bell Média et la ministre du Patrimoine canadien à infirmer la décision qui mènera à l’élimination des programmes Bravo!FACT et MuchFACT, lesquels connaissent pourtant beaucoup de succès.

Signée par près de 10 000 personnes d’un peu partout au pays, la pétition a été livrée en main propre à la ministre Joly par Arif Virani, député de Parkdale – High Park.

Le 30 mai, la Guilde a publié une déclaration en appui au gouvernement du Québec, qui souhaite appeler de la décision sur les productions de langue française.

Le 2 juin, la Guilde a adressé une lettre ouverte à Jean-Pierre Blais, président du CRTC, en réponse à ses commentaires publics sur la décision.

Le 29 juin, la Guilde, ACTRA et ACPM  ont soumis un pétition commune à la ministre du Patrimoine canadien, demandant d’annuler ou de renvoyer au CRTC les décisions sur le renouvellement de licence pour les grands diffuseurs télévisuels canadiens.