05 janvier 2016
Une nouvelle prévision économique, la première en son genre, prévoit la perte de plus de 15 000 emplois au Canada et une baisse de PIB annuel
Une nouvelle prévision économique, la première en son genre, prévoit la perte de plus de 15 000 emplois au Canada et une baisse de PIB annuel de l’ordre de 1,4 milliards de dollars d’ici l’année 2020 si les changements réglementaires annoncés dans la décision Parlons télédu CRTC et prônés par le gouvernement Harper entrent en vigueur tel que prévu.
L’étude de 100 pages, menée par les consultants en économie et en médias Nordicity et Peter H. Miller, s’intitule La télévision canadienne en 2020 : Les impacts technologiques et réglementaires. Elle conclut également que les décisions du CRTC feront baisser les investissements en programmation canadienne de 400 millions de dollars par année d’ici l’année 2020 et qu’elles auront pour effet d’accélérer l’impact des changements technologiques tout en affaiblissant les radiodiffuseurs canadiens.
Les auteurs de l’étude ont formulé des propositions pour réduire l’impact économique négatif des décisions du CRTC d’autant que 75% : « Quant à nous, cela ne nécessiterait pas de retour en arrière sur toutes les décisions Parlons télé, mais seulement quelques ajustements mineurs qui traiteraient les Canadien(ne)s comme ils et elles ont toujours été traité(e)s – non pas uniquement en tant que consommateurs, mais également en tant que créateurs et citoyens. »
« Pour d’excellentes raisons, le nouveau gouvernement a abandonné la politique de Stephen Harper de dénigrer Radio-Canada. Il devrait en faire de même quant aux décisions Parlons télé. Répondant aux pressions du gouvernement précédent, le Conseil a placé dans ses décisions la soi-disante protection du consommateur devant les intérêts culturels et démocratiques des citoyens et des créateurs. Cette étude est accablante quant au bilan de la direction actuelle du CRTC, et ceci basé sur une solide analyse économique, » a déclaré Ian Morrison, porte-parole des AMIS de la radiodiffusion canadienne.
Selon l’étude, cette érosion sera causée d’abord et avant tout par les décisions du CRTC en matière de télé à la carte, de télé par contournement et de la prédominance du contenu canadien. Ces modifications ne sont pas encore en vigueur mais le deviendront à partir du mois de mars 2016.
« Cette étude démontre que les décisions récentes sur la politique de la radiodiffusion sont susceptibles de créer des pertes d’emplois et des dommages économiques, ainsi que la perte de programmation canadienne scénarisée de grande qualité, » selon Stephen Waddell, directeur exécutif national de l’ACTRA. « Mettre en vigueur les propositions politiques du CRTC pourrait signifier que des milliers d’heures de fiction canadienne ne seront jamais produites. Cela causera des perturbations à travers tout le système canadien, de la télévision au cinéma et aussi sur les plateformes numériques, » a-t-il conclut.
L’étude La télévision canadienne en 2020 : Les impacts technologiques et réglementaires a été commanditée par l’ACTRA, les AMIS de la radiodiffusion canadienne, la Guilde canadienne des médias, la Guilde canadienne des réalisateurs, et Unifor.
« Quatre cent millions de dollars par année représenteraient une perte majeure pour la production télévisuelle au Canada, » selon Tim Southam, président du conseil exécutif national de la Guilde canadienne des réalisateurs. « Il est difficile de voir comment les consommateurs bénéficieraient de moins de choix canadiens, plus dispendieux. Nous incitons le gouvernement à revoir ces politiques dangereuses. »
Randy Kitt, président du conseil des médias chez Unifor, note que « la guerre aux preuves est peut-être terminée ailleurs dans le gouvernement, mais elle semble encore à la mode au CRTC. Le Conseil n’a diffusé aucunes données ni d’étude d’impact économique pour appuyer ses annonces Parlons télé. Cette étude comble donc un vide et doit faire parvenir un puissant message au nouveau gouvernement. »
« Le nouveau gouvernement doit agir rapidement pour assurer le financement et l’accès à la programmation canadienne originale, y compris les nouvelles et les informations en français et en anglais partout au pays, » a renchérit Carmel Smyth, président, de la Guilde canadienne des médias. »