Un message de Tim Southam

La Guilde des réalisateurs estime que l’institution doit rétablir l’équilibre de ses priorités. 

Dans la crise que traverse actuellement Téléfilm Canada, ce sont les pratiques de financement de l’institution qui ont été pointées du doigt. Cependant, la controverse en question occulte un problème plus vaste, c’est-à-dire que la structure de financement de l’institution fédérale devrait être mise au service de la narration et du talent créatif, et non l’inverse.

À titre d’exemple, un récent article de La Presse a révélé que le dernier projet du réalisateur Xavier Dolan avait été exclu du cercle privilégié des projets du « volet accéléré », béni par Téléfilm. L’article suggérait que Dolan avait bénéficié d’une décision de financement pour petits projets qui attirent aujourd’hui de nombreuses critiques. Mais la grande question est de savoir pourquoi les cinéastes canadiens reconnus mondialement sont privés du volet accéléré en premier lieu.

Nous félicitons le gouvernement ainsi que Téléfilm pour avoir agi et résolu le problème d’ordre financier causé par une mauvaise gestion des ressources en injectant respectivement 7,5 millions de dollars pour le gouvernement et dégageant 2,5 millions dans le cas de Téléfilm. Alors que nous nous approchons de la période de production estivale, nous nous réjouissons que les projets jusqu’alors suspendus vont maintenant pouvoir entrer en production. Toutefois, cette situation régionale cache des problèmes plus profonds.

La Guilde tient à cœur le talent émergent, mais trop de productions sont déclenchées sans que les ressources nécessaires (les équipes et l’argent) pour les rendre possibles soient disponibles. C’est tout à fait contre-productif et mène au long-terme à une précarisation de l’industrie. Au même moment, les réalisateurs et réalisatrices de mi-carrière font face à un financement inadapté à leurs besoins.

Par ailleurs, nous reconnaissons que Téléfilm a pris des mesures pour atteindre une plus grande diversité dans les auteurs qu’elle soutient et dans les histoires qu’ils racontent. Mais il reste encore beaucoup à faire pour que cette diversité soit présente dans tous les maillons de la chaine audiovisuelle.

Pour en revenir à la structure, un programme de production avec « volet accéléré » nous semble nécessaire et logique mais devrait être axé sur les cinéastes plutôt que la société de production. Il nous semble que tous les programmes devraient prendre en compte la diversité, respecter l’équilibre régional et la dualité linguistique ainsi que soutenir les réalisateurs établis et ceux en milieu de carrière. Alors que Téléfilm vient d’annoncer une révision de l’ensemble de ses programmes, de sa structure de direction et de ses pratiques administratives, il est crucial de replacer le créateur au centre des programmes. C’est à notre avis l’occasion d’amener un changement qui bénéficiera à toute l’industrie.

Tim Southam, Président national de la Guilde